Aristides HONYIGLO

Le caca dans tous ses états #Mondochallenge

Avant tout, c’est un honneur que de parler de ces non moins honorées matières (même si certains par pudeur ou dégoût les détestent) que sont les excréments. Oui, vous avez bien lu, on parle aujourd’hui du caca boudin, de la fiente ou de la merde… si vous voulez. Et si vous êtes en train de manger une bonne pizza ou du riz, je vous présente mes plus odorantes excuses tout le long de ce billet. De toute façon vous ne pouvez pas vous extraire du lot. Qui peut lever la main droite et jurer qu’il n’en a jamais fait ? Soit il est un E.T (extraterrestre), soit peut-être un ange.

Dès les premières lueurs de l’humanité jusqu’à maintenant, tout être vivant (ou presque) est supposé faire caca (que j’abrège parfois par pudeur dans le texte « kk »). Donc, le « kk » ou les excréments sont « toutes les matières naturellement évacuées par l’homme ou un organisme animal, sous forme solide ou liquide : matières fécales, urine, sueur, etc ». On le voit alors, les excréments ne désignent pas seulement les matières dures ou mollasses que nous rejetons par le derrière ou l’anus, si vous le voulez bien. Même si j’aurais eu du plaisir à parler de tous ces excréments, on va tourner ici seulement sur les premières de la liste, à savoir les matières fécales et un peu sur leurs homologues sonores, les prouts !

Il y eut un premier caca

C’est un secret de polichinelle, je dirai même un scoop que je vous révèle aujourd’hui. Celle qui a commencé est bien Eve ou Awa suivie par son compagnon Adam (Adamou dans la version arabe). Bien sûr, vous l’avez deviné je parle de nos ancêtres du jardin d’Eden qui sont les premiers à avoir chié, dans toute l’histoire de l’humanité. Les livres saints, la Bible, la Torah ou le Coran… par pudeur n’en parlent pas mais pour être un peu proche des sources divines, je vous certifie que la première personne à avoir fait les boudins, c’était mamie Eve. Elle a été suivie par papi Adam. Puisqu’après avoir consommé la pomme dans le jardin, leur tube digestif en a fait une masse informe, gluante et visqueuse, le bol alimentaire, attaqué par l’acide chlorhydrique de leur estomac jusqu’à la transformer en du chyme (une bouillie claire) qui a du être évacué vers le duodénum, l’intestin grêle, le côlon, le pylore et, et… le rectum. Puis, ils ont dû aller « au petit coin », ou « derrière les concessions » comme cela se dit dans les langues africaines, pour se soulager. Avaient-ils déjà un pot, un W.C ? Le faisaient-ils fait à la turque, accroupis ou à l’indienne ? Ce qui est sur, c’est qu’ils l’ont fait ce premier « kk». Les suivants, c’est vous et moi qui en faisons au moins une fois par jour, parfois jusqu’à trois fois ! A moins d’être constipé. Cela dit, quand on en fait trop (au delà de trois par jour), on parle de diarrhée. Ainsi on peut avoir de la diarrhée simple, normale, aiguë ou chronique. Cela dépend du type de bactérie qu’on a chopé : helicobacter pilori ou  même choléra. Je deviens un peu cynique mais c’est en écrivant ce billet que j’ai appris sur la page Facebook d’un ami que plus de 2 milliards de terriens boivent de l’eau contaminée de matières fécales ! Ce à quoi une internaute a répliqué de la façon la plus sereine par :

«On est dedans. On va faire comment ? Buvons seulement. À la santé !»

L’industrie du caca

Cela dit le caca, il faut le prendre avec sourire. Il nourrit son homme car l’industrie des excréments existe et continue de faire flores. La preuve, les sociétés de vidange qui fourmillent dans nos villes d’Afrique faute de canalisations adaptées pouvant recueillir, drainer et traiter ces eaux. Ici dans le plan de construction des maisons, il faut prévoir des fosses étanches communément appelées puisards qui recueillent par des canalisations souterraines les eaux usées (caca, pipi, eaux des bains…) et les contiennent dans des fosses. Le temps de les faire mariner des mois, parfois une ou plusieurs années avant que ces sociétés de vidange n’interviennent. Juste un coup de fil à ces structures et les voila aux portes de votre demeure pour vous délester des eaux parfumées ou puantes de votre merde. Et ce jour, même si vous ne parlez pas entre voisins, vous les entendrez vous adresser des sons sous la forme de noms d’oiseaux ou d’invectives. Tellement, l’odeur âcre, dégoûtante, suffocante de vos propres bronzes aurait fait suffoquer tout le monde qu’on ne saurait quoi faire. Juste vous attendez que le fameux camion de vidange finisse vite sa basse besogne et s’éloigne le plus vite possible. Cela contre une trentaine de milliers de Francs CFA. Après quoi, le flux sera déversé à des kilomètres en rase campagne dans un champ pour servir de compost aux maraîchers. Bienvenue dans la chaîne de contamination.

 

A moins d’adopter les sanitaires écologiques Ecosan où on a ni besoin de fosses étanches ni de canalisations, de puisard, encore moins de camion de vidange. Comment cela se fait-il ? Il suffit de faire les « kk » et de les recouvrir de cendres ou de sable et… d’attendre six mois. Le temps que tout cela se recycle ou se transforme. Le chimiste Lavoisier l’avait si bien remarqué « rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme ».

Quant aux caca sonore ou pet, sachez tout simplement que ce sont les gaz intestinaux émis par les êtres vivants par voie anale. Il y a en quatre sortes : le
prout sonore inodore, le prout sonore odorant, le prout silencieux inodore et le prout silencieux odorant. Un humain en bonne santé peut en faire une dizaine ou une quinzaine par jour, soit 1 à 2 litres de gaz. Ça craint pour le réchauffement climatique… Vous êtes-vous délesté de vos gaz ? En tout cas, lâchez-vous, faîtes les pets autant que vous le sentez. Ça donne la forme et ce sont juste les collègues des « kk».

Kakasutra

Ce serait une omission que de ne pas se rappeler les bonnes positions pour aller à la selle ! Enfin si vos toilettes sont situées dans votre salle de bain, n’oubliez pas d’abaisser à chaque fois que vous vous soulagez l’abattant de votre pot. Car lorsque vous tirez la chasse sans rabattre le couvercle, de microparticules d’eau contaminée vont se déposer sur les surfaces de la salle de bain, polluant au passage les choses dont vous vous servez au quotidien, comme votre brosse à dents ou votre serviette…


Elle inquiète, la pollution atmosphérique dans nos villes

La pollution atmosphérique dans les villes africaines est devenue depuis quelques décennies, une préoccupation voire un danger sanitaire dont les gouvernants ne semblent pas encore mesurer la gravité.

 

Gaz d'echappement de motos-taxis
Gaz d’echappement de motos-taxis

 

A Lomé (Togo), la pollution de l’air provient essentiellement de deux sources : les rejets des gaz d’échappement automobile et l’incinération des ordures. A cela, il faut ajouter une pollution industrielle localisée aux sites des usines ou entreprises (zone portuaire, garages de réparation…), sans oublier la poussière soulevée par le passage des véhicules sur les routes en terre.

A l’époque, dans les années 1990, on pouvait encore faire du jogging le long des routes ou prendre un verre à la terrasse d’un bar sans ressentir l’odeur des gaz d’échappement de véhicules. Malheureusement, de nos jours, le phénomène de la pollution s’est aussi « mondialisé » chez nous, comme dans les villes du monde. Cette situation de pollution s’est accentuée vers la fin des années 1990, avec la généralisation d’un autre phénomène, les motos-taxis, couplé avec celui de la vente des carburants « frelatés ». De façon visuelle et olfactive, pour peu qu’on ait un « bon nez », on le sent et le ressent en permanence. Que ce soit l’odeur désagréable du diesel des camions et/ou mélangée à celle d’essence des véhicules aux filtres défectueux. Le parc automobile a considérablement augmenté avec l’importation en masse des véhicules d’occasion dits « venus de France ». On perçoit cette pollution surtout aux arrêts des feux tricolores aux heures de pointe, entre 6 heures et 8 heures le matin, à midi et à 17 heures le soir. Ces heures correspondent aux heures de pic des déplacements des utilisateurs d’automobiles et de motos, entre les domiciles et les lieux de travail.

A ce jour, l’on peut avoir du mal à faire les (rares) joggings le long des trottoirs des avenues et boulevards. A la fin des courses, on « sent » avec l’équipement vestimentaire… de l’essence ou du diesel carburé ! Pour preuve, cette autre anecdote que j’ai vécue en ornithologue de banlieue. Il y a quelques mois, je récupérais un moineau blessé à la patte et qui avait dans ses pennes de la suie ou plutôt une graisse noire rappelant du gaz d’échappement. Était-ce dû à la combustion du kérosène des avions dans les nuages ou à la montée des gaz d’échappement dans l’air ? De toute façon, les farandoles d’hirondelles ne sont plus toujours dans le ciel de Lomé !

La deuxième source de pollution très remarquée ici, est due à l’incinération des ordures issues des ménages, des marchés ou même des services de l’administration. Parmi ces ordures, les déchets végétaux, les emballages des commerces, des marchés, de la paperasse des bureaux, etc. Surtout que dans la rue, les Loméens n’ont plus pas l’habitude de jeter les déchets dans les poubelles. J’ai même vu tout récemment un gros tas de coques de noix de coco en train d’être brûlé… à la plage de Lomé ! Alors que ces déchets végétaux sont valorisables.

Dans cette pollution par l’incinération de produits divers, on peut remarquer une constance. Les ordures ne sont ni triées à la source, ni recyclées. Seul un centre de recyclage existe dans la ville. Les divers types d’ordures sont mélangés et brûlées, causant d’importants rejets dangereux. Parmi elles, les déchets d’origine plastique dont l’incinération génèrent des gaz réputés cancérigènes. Dans le quartier de Hedzranawoé, dans la banlieue nord de Lomé, ce phénomène s’est accentué avec l’incinération quasi quotidienne des déchets de fripes par des commerçants peu consciencieux. Un grand marché du même nom se trouve dans le quartier. Enfin la pollution des unités artisanales ou celle des usines (brasseries, cimenteries, de fumage de produits carnés…) y a contribué.

Le phénomène de pollution existe parce que les autorités gouvernementales ou municipales de Lomé n’ont pas encore fait de sa lutte une priorité. Et même s’il faut informer davantage les citadins sur les dangers de cette pollution avant de leur en attribuer la paternité, leur responsabilité est aussi engagée. Car de timides messages de sensibilisation à la protection de l’environnement passent sur les médias mais combien les suivent et combien sont réellement au courant de la réelle menace de la pollution atmosphérique sur notre santé ? Nous sommes tous coupables. Nous devons changer nos méthodes d’élimination de nos déchets. L’incinération n’est pas la seule manière d’éliminer les déchets. Le tri sélectif constituera le prochain réflexe à nous auto-inculquer. Quant à l’importation des véhicules d’occasion, c’est une autre paire de manche. Irions-nous vers le contrôle des pots catalytiques de ces voitures reformées ? Le seul souhait serait de ne pas en arriver un jour aux situations similaires à celle de Pékin, la capitale chinoise, avec son cauchemardesque « smog ! »



Ma visite à Radio Chine Internationale

On peut aussi découvrir un pays par le biais de la radio. En passionné de cet extraordinaire moyen de diffusion, j’ai pu réaliser un rêve, celui de me rendre en Chine avec le concours de la radio chinoise…
Terminal 3, Aéroport international de Beijing (Chine)
Terminal 3, Aéroport international de Beijing (Chine)

C’était un après-midi de samedi. Je me le rappelle comme si c’était la veille. Notre appareil, un B 747-400 aux couleurs bleues atterrissait au Terminal 3 de l’Aéroport international de Beijing ou Pékin. Il faisait vraiment froid dans cette capitale, à mon avis. Du terminal pour les formalités de visa au bus, j’avais du mal à supporter ce froid glacial qui me transperçait la chair jusque dans mes os. L’ambiance tempérée entretenue par d’énormes chauffages centraux n’y faisait pas grand-chose. J’abandonnais très vite l’idée selon laquelle, la Chine était un pays tropical. Malgré les « étoffes » du pullover et de l’anorak que je trimbalais sur moi, j’avais encore froid. De l’aéroport au centre-ville de Beijing, dans l’écran de pollution du smog et la moiteur de l’atmosphère, je n’avais pas pu observer la ville. Malgré tout, je pus distinguer les gigantesques gratte-ciels et surtout les fameuses autoroutes « deux-fois-quatre voies » sur lesquelles nous avions roulé quarante minutes avant de rejoindre le cœur de la ville. Impressionnant ! Dans le bus sur mon siège, je me posais des questions sur une telle démesure architecturale qui, à la fois m’impressionnait et me faisait froid dans le dos. Du béton, rien que du béton ! Ensuite, nous prenions la direction du siège de Radio Chine Internationale, RCI en sigle…

Le bâtiment abritant cet important outil de « propagande » du gouvernement chinois était un imposant immeuble de 15 étages. La pause dans la salle d’attente de la radio internationale dura une vingtaine de minutes. D’après notre interprète, les studios du Service en langue française se trouvaient dans l’autre aile qu’on atteignait en traversant des couloirs circulaires. Il fallait juste prendre les ascenseurs mais non sans montrer patte blanche. En clair, passer des contrôles obligatoires en ces temps de paranoïa sécuritaire généralisée. Nous avions rendez-vous avec le Vice-président de la radio. L’attente dans ce grand hall semblait me peser quelque peu. Néanmoins, je relativisais en suivant le programme d’une télé chinoise sur l’un des écrans au son coupé, accrochés dans deux des angles de l’immense salle. Un Africain qui faisait sa toute première visite dans ce pays et pas n’importe lequel, un empire. Celui du Milieu en tout cas ! Zhongguo, me répétait-on en chinois, plus particulièrement en mandarin.

 

Place Tian’ anmen, Beijing
Place Tian’ anmen, Beijing

 

 

Driiiinng, driiiinng… ! Très tôt le lendemain, la sonnerie tinta et je devais descendre de ma chambre d’hôtel. « Ni-hao¹ » en tout cas, était l’un des seuls mots que je connaissais en mandarin. Je ne pouvais l’oublier. Dès que l’ascenseur s’ouvrait, je faisais : « ni-hao » avec un large sourire. Après, j’allai découvrir et manger le fameux zhou² avec du mantou³ dont un ami étudiant en Chine m’avait vanté le bon goût, dans un grand bol. Puis ce fut une longue journée de découverte. Comme indiqué sur le programme, on passa « …d’abord par la Rue de la Paix éternelle, ensuite l’avenue de Chang ‘an qui traverse le centre de Beijing avant de déboucher sur la fameuse place Tian’ anmen.» C’était comme rimé, « Chang ‘an, Beijing, Tian’ anmen… » Après, ce fut le tour de la fameuse Cité Interdite située juste à côté. 9999 pièces à visiter ! Nous n’en avons fait même pas le dixième. Plus tard, nous visitions le stade olympique qui abrita les Jeux Olympiques de 2008. Une prouesse des ingénieurs Chinois avec une construction aux structures en béton entrelacées.

 

Stade olympique de Beijing
Stade olympique de Beijing

 

Ce ne fut pas tout. Une semaine plus tard, je faisais une excursion dans les régions du Guizhou et du Guangxi pour la Fête de la lune, précisément à Gulong. Une ville littéralement noyée sous les sons des lusheng4. Je brûlais d’impatience pour découvrir cette culture. D’ailleurs les noms des villes chinoises m’avaient tant impressionné que je les assimilais à une image d’oiseaux qui dansent. « Guizhou, Guangxi, Gulong … » Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Je me le demandais. Je posai la question à notre interprète Li Jen, un autre joli nom aux sonorités aigües, qui me donna une longue explication sur chacun de ces toponymes.

 

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« Ti di di ouh oug! » Le carillon de Radio Chine Internationale se fit entendre dans mes oreilles. Non, je n’y croyais pas et n’avais aucune envie d’y croire. Quoooi ? Toutes ces images, tous ces paysages extraordinaires dans ma mémoire ne seraient que le fruit du sommeil paradoxal, d’un rêve ? Parce que mon poste radio serait resté allumé sur Radio Chine Internationale ? En tout cas, en une trentaine de minutes, j’avais voyagé comme une semaine passée en Chine. Je le prenais sportivement.

-Allez, je cours dans la salle de bain prendre une douche, fis-je juste. Il fait vraiment chaud en cet après-midi de février, sous les tropiques de Lomé…

 

 

1ni-hao : bonjour, en mandarin

2zhou : petit déjeuner

3mantou : pain

4lusheng : flûte traditionnelle

 


Après les fêtes, les pannes

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Synopsis
Début janvier 2016, quelques jours après les fêtes de Noël et du Nouvel an. L’opposition est cassée, fatiguée et aphasique. Le gouvernement et son parti au pouvoir sont dépassés, hagards face à la montagne des priorités qui les attend devant la Primature. Les fonctionnaires ont les yeux rougis dans les bureaux. Les commerçantes sont anesthésiées dans les marchés de Lomé. Même le miroir aux alouettes des fêtes de fin d’année n’a pu donner le change que quelques jours.
Et on voudrait être optimiste. C’est un constat, mon patelin est en panne. Moi-même, j’ai une panne… textuelle.


Pourquoi j’ai raté mon thiep jén de décembre

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Plat de thiep jén blanc (Crédit photo: Roger Lasmothey)

En ces moments de fêtes de fin d’année, je pense en amateur de riz donc je suis thiep jén. Véritablement, cela me donne de l’eau à la bouche quand je repense à ce plat national sénégalais qu’ « on » m’a fait rater!

Je connais Dakar, ma première visite y remonte à deux décennies. Baal ma, ma ngui fi Lomé waay maa ngi dég tuuti wolof ¹ ! À l’époque, j’avais eu droit à tout comme un petit prince. Hôtel cinq étoiles, visites à l’Assemblée nationale, au CICES, au Théâtre Sorano, dîner Chez Loutcha… et même un déjeuner de thiep jén sur la plage de Gorée. Fabuleux ! J’aime le riz, le blanc, au gras, le watché local (du riz à l’haricot) et surtout le thiep jén depuis lors ! Mais ici à Lomé, je n’ai pas souvent l’occasion d’en manger au « Restaurant sénégalais » du boulevard. C’est pourquoi à Dakar, je n’ai pas raté les savoureuses « occasions thiep » comme dans la cour de l’AUF ! Mais ce qui rend ce plat encore plus succulent, c’est de le manger à la main dans un grand plat avec une famille sénégalaise. Les dents disposant le tilapia citronné dans la bouche tandis que la langue coupe l’huile sur le poignet et que la sono déverse du mbalax dans le salon. C’est ça même un festin (à l’africaine) ! Et c’est à ce repas que j’aurai dû être encore dans ce mois de décembre, sans celui du « complot » préparé par mes propres frères… et sœur Togolais.
Ainsi, le jeudi d’avant la fin de la formation, le mondoblogeur Roger Mawulolo nous avait convié ses compatriotes, à venir déguster du bon thiep jén chez lui. Une occasion pour redécouvrir cette spécialité sénégalaise, mijotée par les mains expertes d’une jabar². Seulement, c’était sans compter que les miens allaient me danser en gweta, c’est-a-dire m’esquiveront, m’« oublieront » tout simplement. On peut oublier son portable, son portefeuille, voire son passeport… mais oublier d’informer un invité (qui en raffole) à un dîner de thiep, les gars et la go vous devez être décorés! Cela avait plutôt pris le goût d’une «conspiration.»
C’est vrai, je ne suis pas une armoire à glace, ni une étagère. Mais si vous m’oubliez, vous pouviez vous rappelez au moins les plastiques dont je parle et ramener mon thiep dans l’un d’eux, non ? Togotowo lé kou aŋō fifi ntō³! Je pouvais bien manger une fois dans l’année dans un take away, j’assume.
Il est aussi vrai qu’à Dakar, je n’étais pas toujours dans le groupe de mes compatriotes (comme mes cousins Haïtiens qui étaient constamment kolé-seré). Mais est-ce de ma faute, si la mixité était le but du jeu? Comme ce fut la faute à Voltaire, c’est la faute à Manon-Méli ou… Méli-Manon. C’est elles qui m’ont « mis » dans le lit superposé de la chambre d’abord avec le Librevillois Jeff et le Taïwanais, (Tahoua-nais) Habibou, puis après avec les faroteurs ivoiriens. « Coincé » que j’étais entre quatre voire cinq (quand un des frères Koné(s) venait chez l’autre) gaillards d’Abidjan. Déjà qu’à Lomé, la musique ivoirienne nous « colonise, » alors entre quatre Ivoiriens que pouvais-je voir ? Rien. J’étais leur « otage » consentant (car j’ai trop aimé leur compagnie et surtout nos discussions sur la vie, la musique, la culture, la politique de nos pays etc.). Donc, si mes « maîtres » ivoiriens sortaient pour faire les cent pas sur la Route des Niayes que pouvais-je faire d’autre que les suivre ?
Durant cette escapade nocturne, pendant que je brûlais mes derniers calories en peinant à suivre mes « matons» ivoiriens (ils m’offriront quand même du café touba et… de la pastèque !), j’étais à dix kilomètres d’imaginer que mes propres frères et sœur se léchaient les babines, les doigts tout en discutant des saveurs de la cuisine sénégalaise. Ils passaient de bons moments post-thiep jén, alors que moi j’étais à jeun. Selon mes sources, ces frères et sœur ont auraient pour nom : Aphtal, « Le Salaud lumineux (LSL), » Renaud, Arnaud, Guillaume, Gilbert et… Djifa !
De toute façon moi, je leur ai pardonné mais non sans la mise sur pied d’une mini-CVJR (Commission Vérité Justice Réconciliation), comme nous avons pris l’habitude chez nous. Roger Mawulolo en sera le « Monseigneur Barrigah », c’est-à-dire le Président pour leur retirer le tiep jén et la vérité de la bouche. Parce que les explications données plus tard dans un courriel par LSL pour justifier cet «oubli » n’ont pas convaincu même Pinocchio aux dernières nouvelles :

« On t’a vraiment oublié, c’est pas qu’on a vraiment fait ça exprès. On s’est souvenu de toi en taxis et on a fait, oh merde, essayez de le joindre. Et c’était mal barré… »

En attendant d’être prochainement à Dakar pour mon tiep, vous n’avez rien su ni rien lu. C’était bien une cuisine interne entre Togolais car c’est connu, le linge salé se lave en famille. Et donc, ce n’était exclusivement que dans le cadre de notre joyeuse famille nombreuse… Mondoblog. Bonne année 2016 à toutes et à tous !

1Excusez-moi, je parle un peu ouolof !

2Épouse, en ouolof.

3 Les Togolais sont devenus trop avares !


Un Samuel Doe écologiste

Lomé, bel après-midi de juillet, périphérie ouest de la capitale. Sur la pelouse d’un terrain de football oublié dans la banlieue, je fais la connaissance d’un jeune élève de Cours moyen 2. Quelques jours après l’examen de passage en classe de 6e, le temps est plutôt à l’amusement. A l’opposé de ses petits camarades qui s’essaient à jouer aux Lionel Messi, Neymar et autres Zlatan Ibrahimotchiv, mon nouvel ami est plutôt calme, à l’écart. Je m’interroge. Qui est cet enfant censé jouer au foot mais ne semble pas s’y intéresser ?

Je ne sais par quelle alchimie le contact s’établit entre lui et moi. Très vite, nous crochons les atomes. Il a les yeux qui brillent, contrastant avec le vert du gazon. Ses yeux pétillent presque, quand je lui fais remarquer la tonte exceptionnelle de la pelouse en cette saison de pluies. Nous avons apparemment les mêmes préoccupations sur la nature. Il est encore plus intéressé quand je lui parle des sachets plastiques (d’eau) jetés par ses camarades insouciants sur le terrain de jeu. Et de m’expliquer dans son école, que tout rejet de déchets dans la cour, entraîne un avertissement puis une sanction. De nouveau exceptionnel. De là, nous entamons la genèse de ces matières.

Mon jeune interlocuteur ignore que je tiens un blog sur le plastique (un plastiblog donc). Je commence à lui expliquer les étapes de fabrication du plastique. L’enfant est un « petit écolier » exceptionnel, il comprend tout. C’est dire, s’il ne pouvait me donner un cours magistral sur l’osmose ou les couches géologiques quand nous abordons ces chapitres « pointus.» Le gosse est intelligent. Il y a définitivement de petits génies chez nous. Mélangeant le mina¹ au français, le petit surdoué se transforme tour à tour en prof de physique, de géologie et d’écologie pour m’en apprendre des choses. Et pas des moindres. La charte du blogging limite le nombre de signes d’un billet, sinon je vous en aurai plaqué ici une bonne couche. Pour reprendre le passage d’un évangile², le jeune collégien et moi avons tellement abordé de sujets que, si on les écrivait en détail, je ne pense pas que la plate-forme Mondoblog même pourrait contenir les livres qu’on écrirait…
Le soleil se fait déclinant. C’est l’heure de se quitter et c’est seulement à ce moment que, mon ami et moi décidons de faire les présentations ! Il me demande mon nom.
– Aristides, je réponds. Et toi ?
– Samuel.
– Samuel quoi ?
– Doe.
– Quoi, Samuel Doe le président libérien³ ? Sursaute-je. C’est fou ce que les parents peuvent associer certains noms. Toi, tu es un Samuel Doe écolo, en tout cas ! Conclue-je.

Il fait presque nuit. Samuel est sûrement rentré chez lui comme moi. Je suis content de m’avoir fait un nouvel ami écologiste. Plus nous serons nombreux à nous intéresser à l’environnement, plus le monde se porterait mieux. Cependant, je continue à m’interroger. Que faut-il faire donc pour avoir un environnement propre dans nos villes ? Que faire pour ne plus voir aucun déchet dans les rues ? Des rues où plus personne n’y jetterait un sachet plastique. Je pense, repense et je suis blasé face à tant d’indifférence. Dépité mais pas fatigué, je poursuis la réflexion…

 

¹La langue parlée à Lomé.

²La Sainte Bible, Evangile selon Jean, chapitre 21 : verset 25.

³Ex-président du Libéria


Mon mandat

( A Monsieur Denis Sassou qu’enfant nous admirions et qu’aujourd’hui’ hui fait fi de l’avenir des enfants)

Voici mon mandat

Il a des passe-droits

J’abuse d’eux

Celui-ci le petit referendum

C’était mon dernier coup qu’il se nomme

Regardez mes soldats travailler

Chacun fait son petit tabassé

 

Aristides Honyiglo

(Lomé, 30-10-2015)

 


Les présidents africains sont-ils de gros paresseux ? (2/2)

Précédemment, le cas des dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir et refusent de s’en détacher, a été évoqué sur ce blog. Une interpellation a même été lancée au plus actuel, le président du Burundi. L’obstination de ces présidents à s’«incruster» dans le fauteuil présidentiel, en dépit des dispositions constitutionnelles, est l’une ou la principale cause d’instabilité de ces pays. Et de fait, l’un des facteurs du retard de développement du continent africain. Ces dirigeants qui n’ont cure de l’avenir desdits pays, y ont leur responsabilité toute engagée. L’actuelle et préoccupante situation burundaise n’en est que la parfaite illustration.

« Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains¹ »

D’autres cas, cette fois-ci domestiques sont devant nous, mais plus pour des raisons d’économie d’énergie (physique et intellectuelle), nous ne voulons pas en discuter ! Parmi ceux-ci, figure une catégorie de dirigeants dite « fils de…» qui sont nés, grandissent et « arrivent»  au pouvoir dans du velours. Ils parviennent à la présidence dans des situations scabreuses avec des constitutions et des articles taillés, « cousus, » tripatouillés à leur mesure. Et à aucun moment de leur « règne » ils ne montrent la volonté de rétablir ces constitutions ou leurs articles tripatouillés. Ils ne rassurent pas leurs compatriotes quant à la probabilité qu’ils quittent un jour le fauteuil présidentiel. Leur seule intention (cachée) comme leurs prédécesseurs est d’inventer l’artifice constitutionnel leur permettant de mourir au pouvoir. C’est une tare « génétique » dira-t- on.

« Toi, président² »

« Toi, président » tu te battras jour et nuit, quitte à avoir la couronne toute blanchie, pour trouver à tes compatriotes médecins, de meilleurs moyens de vie et de travail. « Toi, président » tu te battras pour améliorer la vie des agriculteurs. Tu lutteras pour mettre tes compatriotes enseignants dans de bonnes conditions de travail, et assurer ainsi une bonne éducation à tous tes concitoyens. « Toi, président,» tu te battras avec toute ta force pour permettre à tous tes compatriotes de vivre dans le bien-être… Ainsi après les honneurs de la présidence, quand seul tu feras tes achats au supermarché, tes compatriotes te désigneront avec joie : « Voici l’homme qui s’est battu pour le bonheur de ses concitoyens ! »

clandestins
Immigrés sur la mer

 

Les présidents africains sont-ils des paresseux ? Non, tous ne le sont pas. Parmi ceux qui se démarquent des «flemmards,» nous pouvons citer le lucide Jakaya Kikwete de la Tanzanie. Ce président démocrate a tout simplement déclaré, urbi et orbi, qu’il ne voulait pas d’un «3e mandat !» Ceux qui tripatouillent ou se complaisent dans les constitutions les « autorisant » à s’éterniser au pouvoir, sont souvent aussi les gros flemmards. Ces présidents trouvent probablement un plaisir à priver leurs compatriotes de leur liberté, leur bien-être, à les voir immigrer sur des rafiots et mourir dans la mer ou le désert.

Laissez tranquilles les fils et petits-fils des ex-colonisateurs, les néo colonisateurs, les impérialistes ou encore les néo impérialistes. D’eux, on en parlera un jour peut-être. Les ennemis de l’Afrique, ceux qui ne veulent pas que l’Afrique se développe, sont aussi des Africains.

A.H.

1Alpha Blondy   « Les imbéciles » (Album Yitzhak Rabin, Polydor 1998)

2 L’impératif du « Moi, Président » de François Hollande.


Les présidents africains sont-ils de gros paresseux ? (1/2)

Qu’on se le dise et qu’on se le retienne une fois pour toutes. Quand on se dit chef d’État d’un pays, a-t-on besoin de faire 15 ans ou 25 ans à la tête de ce pays pour exécuter le programme que l’on s’est fixé avant la présidence ? Même en dormant, ma réponse est et restera toujours non ! Et pourtant, prenez un billet d’avion et allez visitez les « plats pays»  comme le Tchad, le Cameroun, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Togo, la Gambie… et vous reviendrez dire le contraire.

 

N Soglo
Nicéphore  Soglo (Crédit: cappfm.com)
konare
Alpha O. Konare

 

 

 

 

 

 

 

 

Nicéphore Soglo et Alpha Oumar Konaré, des chefs d’Etat très travailleurs

Nicéphore Soglo le Béninois et Alpha Oumar Konaré le Malien, ont été élus pour la première fois président de leur pays, respectivement en mars 1991 et avril 1992. Soglo a fait un mandat de cinq ans, avant d’être battu à l’élection présidentielle suivante. Konaré lui, préside un premier mandat de cinq ans puis est réélu1 en 1997 pour un second et dernier quinquennat, selon la Constitution malienne. Notons que le président béninois Soglo n’a pas eu de répit juste après son élection. En effet, avant même d’être investi, il a subi une « attaque mystique»  au tchakatou2 ou fusil-mystique, qui l’a cloué et hospitalisé neuf mois durant. Toujours est-il qu’à leur prise de fonction, ils se sont mis au travail pour exécuter leurs programmes respectifs selon leur capacité. Après, ils sont partis tranquillement sans chercher à tripatouiller les constitutions. On garde au moins un bon souvenir de ces vrais hommes d’État.

Quant aux autres présidents africains, la plupart seraient-ils de gros paresseux qui préfèrent les coupes de champagne et les croupes féminines au gros travail ? #presidentparesseux

Leurs passe-temps favoris : le champagne et les femmes

A force d’avoir un goût trop prononcé pour le champagne et les femmes, ils voient passer cinq ou dix années comme un mois et n’ont même pas exécuté le tiers de leur programme électoral. Pas étonnant qu’ils tripatouillent ensuite les constitutions et veuillent s’accrocher au pouvoir. Le cas le plus patent et actuel est celui de Nkurunziza, Pierre de son prénom. Voilà un rebelle de maquis qui par un pur hasard, est propulsé au-devant de la scène politique. Et l’ancien ailier droit de Bujumbura se croyant devenu Ubu roi, n’a pas vu passer les dix longues années (2005-1015) à la présidence burundaise. Durant ces années, il a gracieusement profité des usufruits, au dos du contribuable burundais. Aujourd’hui, le temps venu de plier ses bagages, monsieur ne veut plus s’exécuter et inaugure un nouveau jeu étymologique, sémiologique entre un mandat et un mandat. Il se l’est joué en ex-footballeur tyrano avec le sang de ses compatriotes. Je voudrais lui poser une question, une seule. Peut-être que son truculent porte-parole, Willy Nyamitwe lit Mondoblog, on ne sait jamais. Il lui transmettra.

La question

« D’après l’article 96 de la Constitution burundaise, Monsieur Nkuruziza Pierre, vous dites que vous n’avez pas été élu en 2005 au suffrage universel et donc, ce n’est pas un mandat présidentiel.

Alors, Monsieur le « Président » le temps que vous avez passé à la tête de la République du Burundi entre les années 2005 et 2010, c’était quoi ? Un congé, une vacance, une villégiature, un repos, une promenade de santé ou un jackpot octroyé par les députés burundais? »

Ce ne sera pas moins un plaisir pour notre blog, de publier votre droit de réponse. (À suivre…)

A.H

1 La présidentielle en 1997, s’est tenue dans un climat de tension entre le pouvoir et les partis de l’opposition, ces dernières boycottant cette élection.

2 Ceux qui ne sont pas Africains ou ne s’intéressent pas au thème du mystique trouveront cela suspect. Mais, disons-nous la vérité qu’en politique et pas seulement en Afrique (souvent) des « moyens mystiques » sont usés et utilisés comme arme politique d’« élimination » des concurrents. Pour du moins, ce que j’en sais.