2 mai 2013

La Maison de la Presse à Lomé

La Maison de la Presse à Lomé
La Maison de la Presse à Lomé

A l’occasion de la Journée internationale de la Liberté de la Presse, je voudrais vous faire un spot sur l’un des rares lieux de rencontre des journalistes togolais ou étrangers au Togo. En l’occurrence, la Maison de la Presse à Lomé. Elle est bien modeste, mais mérite bien qu’on s’y attarde et s’intéresse.

Elle n’est pas aussi grande que la Maison de la Presse à Bamako ou moderne comme le Centre d’Accueil de la Presse de Paris. Et pourtant, c’est l’un ou le seul endroit en définitif dédié aux journalistes au Togo. La Maison de la Presse est située dans un petit quartier excentré de la capitale togolaise, Lomé. Pour commencer, j’ai demandé à trois personnes étrangères à la profession de journalisme, dans des quartiers différents de la ville, la situation géographique de ce centre. Aucune n’a été en mesure de me le situer. L’une des personnes m’a affirmé ignorer l’existence d’une telle Maison. La deuxième a confié qu’elle n’existe plus et la dernière, parent d’un homme de média  affirma qu’elle se trouverait à Nukafu. C’est-à-dire, manque de pot, à l’ancienne adresse. Pour sa visibilité, beaucoup reste à faire.

Pour vous simplifier la tâche et vous y rendre, demandez le quartier Tokoin-Trésor, non loin de l’avenue de la Libération et je suis sûr que vaille que vaille vous vous y rendrez ! Et donc, plus trop loin du « Rond-point Trésor » vers l’ouest, derrière un pâté de maisons anciennes, sur une route en latérite et nids-de-poules. Le quartier est à la limite de la salubrité mais que voulez vous. C’est le lieu que les initiateurs ont pu trouver pour s’acheter le lot de terrain urbain, en surenchère dans la capitale. Les spéculations foncières ont la dent dure intra muros et on peut rarement trouver un lot en deçà de la trentaine de millions de francs Cfa. Celle-ci a coûté près de 50 millions de Francs Cfa.

Juste à la devanture de la villa abritant la Maison de la Presse, le cadre est assez joli. Des bougainvilliers surplombent le mur de la demeure peint d’un rose ocre. Il faut dire que la Maison de la Presse a été rénovée en début de cette année. Le bâtiment à un seul étage, est modeste avec des balustres qui lui donnent plutôt l’aspect d’un lounge espagnol.
La journée internationale du Jazz, c’était il y a quelques jours, et je me dis qu’un promoteur de jazz-club y aurait fait fortune. Une petite porte forgée donne sur le hall d’entrée qui sert d’accueil et de secrétariat, avec la paperasse qui caractérise les journalistes : c’est de la documentation ! Des lots de quotidiens, d’hebdomadaires, de revues, de magazines, etc. Juste sous les murs, deux armoires en bois comportent des casiers avec des titres de journaux. On peut y lire entre autres: « Liberté », « L’Alternative », « Sikaa », « Golf Info » « Le Libéral »… A droite, une salle avec une connexion Internet. Le directeur de publication d’un hebdo est fortement concentré sur son labtop, tandis qu’un photographe-reporter est perdu sur son ordinateur. Quid du débit de la connexion. A l’étage il se trouve un assez grand espace pouvant y accueillir une centaine de personnes. On peut s’y désaltérer aussi. Il est quatorze heures et en ce début d’après-midi de canicule, il n’y a pas foule. J’aurai voulu rencontrer Monsieur Honoré Blao, le maître des céans, mais il n’est pas là et nous n’avons pas aussi rendez-vous.

La Maison de la Presse de Lomé inaugurée en 2007, comprend exactement une grande salle de réunion, trois bureaux, un secrétariat, une salle d’attente, un kiosque à journaux, deux salles de cours, une cuisine, un bar et une grande terrasse. Elle offre des formations, des séminaires aux journalistes à des coûts préférentiels. Elle abrite également les rencontres entres communicateurs et assimilés, comme la célébration de la Journée de la Liberté de la Presse.

L’initiative d’une Maison de la Presse date du début des années 1990, époque du processus dit de « démocratisation » des pays africains, où la presse privée a refait surface au Togo. En 1996, une convention entre la Mission Française de Coopération au Togo et l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT) a permis la naissance de l’ex-Maison du Journalisme située à l’époque à une autre adresse, dans le quartier Nukafu. A l’heure des innovations à grandes vitesses et des applications mobiles, les journalistes togolais se cherchent entre les salaires insuffisants, le manque de moyens de travail et des sautes de législations liberticides. La presse doit bénéficier de l’aide des autorités, au risque de tomber dans des travers ayant pour noms : corruption,  travestissement de la réalité et parti-pris pour des chapelles politiques.  Une seule école de formation universitaire, l’ISICA existe sur le campus de Lomé.

Mais il faut saluer le courage des hommes et femmes de médias, surtout ceux qui ont choisi de rapporter les faits dans la vérité parfois aux risques des menaces verbales, voire physiques. Pas ceux qui délibérément pour leurs bedaines et des intérêts inavoués, tronquent la vérité au mépris de la déontologie. Ils sont d’ailleurs une petite minorité mais se reconnaîtront. Passe avant tout, la liberté de la presse et partout !

Aristides Honyiglo

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