Où se cachent le maître Compaoré et son bâton de la « fessée électorale » ?

Article : Où se cachent le maître Compaoré et son bâton de la « fessée électorale » ?
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31 octobre 2014

Où se cachent le maître Compaoré et son bâton de la « fessée électorale » ?

L'ex-président Compaoré (Credit photo Google imagesà Alors que je m’apprêtais à « revenir » début novembre sur Mondoblog, les événements de Ouagadougou me contraignent à m’épancher sur ce qui se passe dans ma maison. M’étant toujours considéré comme un Sahélien perdu sur la côte de l’Atlantique, je ne peux rester muet alors qu’il y a une situation préoccupante chez moi. Qu’en tirent les dirigeants, les chefs d’Etat et autres présidents de la République d’Afrique, ces dictateurs-là, à faire du mal à leurs peuples ?

Le 15 octobre 1987 au Burkina-Faso, le capitaine Blaise Compaoré prenait le pouvoir dans le sang pour disait-il, « la Rectification » de la Révolution qu’il avait entamée quatre années plus tôt avec son frère d’arme Thomas Sankara. Sankara mort, le capitaine Compaoré est devenu président de la République à la faveur du discours de la Baule. Puis le président Compaoré n’a plus voulu quitter les délices du pouvoir. En 2005 ? à l’issue de la présidentielle, Blaise Compaoré, du moins un de ses partisans s’est alors targué que Blaise a « massacré » et donné une « fessée électorale» à l’opposition. Comme si les opposants étaient des écoliers !
Le 15 octobre 2014, cela fait 27 ans que Sankara est mort et que Blaise Compaoré est au pouvoir. Alors que tout le monde convient que c’est son dernier mandat à la tête du Burkina-Faso, Compaoré caresse depuis des semaines le projet de modifier l’Article 37 de la Constitution Burkinabé qui limite le mandat présidentiel à deux. Puis est venu le 30 octobre 2014 qui a sonné le glas de son pouvoir. A ce propos, je me pose la question de savoir pourquoi les chefs d’Etat africains veulent coûte que coûte s’agripper au pouvoir et y mourir ? Pourquoi veulent-ils rester au pouvoir en dépit des dispositions constitutionnelles qu’ils font parfois voter eux-mêmes, faisant « sauter » s’il le faut les verrous limitant les mandats présidentiels ? Personnellement, moi je ne comprends pas et ne pense pas comprendre un jour. Ces présidents de la République préfèrent mourir borgne, hypertendu et «prostateux» au pouvoir ; que de profiter d’une bonne retraite et d’honorables avantages post-présidentiels. Dans la « profession » de chef d’Etat en Afrique, on ne fait jamais valoir ses droits à la retraite après de « bons et loyaux services rendus à la Nation ? » « Le pouvoir rend fou » (François Mitterand), je l’ai déjà mentionné et très peu l’ignorent encore. Même le fait de craindre des poursuites judiciaires du fait de leurs nombreux crimes physiques, financiers et moraux, ne justifient cette propension à s’accrocher à la tête des pays. Gnassingbé Eyadéma a régné à la tête du Togo durant 38 ans ! Il est mort au pouvoir en 2005. Le « Maréchal » Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga de l’ (ex- Zaïre) actuel RDC a fait 32 ans au pouvoir avant d’en être chassé et d’aller mourir malade au Maroc. Le président Omar Bongo Odimba a fait 42 ans de règne au Gabon et est allé mourir, malade dans un hôpital espagnol. Les cas de dirigeants africains ayant passé ou bouclant 20, 30 années ou plus au pouvoir sont légion. Finalement à y penser, a quoi sert-il de vivre tous ces privilèges du pouvoir pour terminer par une fin triste. Moussa Traoré l’ancien président malien suite à la révolution des populations en mars 1991, a été arrêté, jugé et mis en prison ; il n’en est pas mort pour autant. Moussa Traoré a purgé sa peine, puis est sorti du violon. Il est aujourd’hui un vieil homme qu’on peut rencontrer dans les rues de Bamako. Même si les morts qu’il a fait tuer ne reviendront plus à la vie, Moussa Traoré a payé le prix du sang, il a plus ou moins « payé » le prix de ses « crimes » à la société des hommes. Le reste, qui est métaphysique c’est avec son Dieu qu’il verra cela.

« Président Compaore Ebola »

Ce slogan n’est pas de moi, ce sont les manifestants du Burkina-Faso qui l’ont crié le jeudi 30 octobre 2014 dans les rues de Ouagadougou. Où se cachent le maître Compaoré et son bâton qui avait servi à donner « la fessée électorale » à l’opposition burkinabé ? Burkinabé, voilà ce qu’on appelle un Vrai Peuple, intègre, décidé et qui fait ce qu’il dit! Si « ce président-là, il faut qu’il parte…, » et il est parti. S’il le veut, on lui prêtera un dromadaire pour quitter le Burkina. Que cela serve d’exemple aux autres peuples d’Afrique, léthargiques, et anesthésiés. Le peuple du Burkina-Faso n’a pas attendu un « Messie » extérieur pour se libérer. L’Afrique est assise sur des trésors géologiques dans ses terres. Et pourtant l’Afrique végète dans le sous-développement. Beaucoup reprochent aux « Blancs » néocoloniaux d’asservir l’Afrique. Pourtant contre qui se battent les peuples au quotidien pour leurs libertés. Qui tirent sur leurs propres populations lorsqu’elles réclament la moindre parcelle de leurs droits. Je ne crois pas que ce sont ces « Blancs » néocoloniaux. La réponse est là béante devant nous. « Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains.» Et cela, le grand chanteur Alpha Blondy l’a fredonné depuis des années déjà. L’Afrique possède toutes les potentialités pour accéder au développement, au même titre que les autres continents qu’on désigne sous le vocable de « développés ». Mais depuis cinquante ans, depuis les fameuses «indépendances des années 1960,» les populations ne se battent que contre les gardes prétoriennes des dictateurs africains ; les peuples ne sont empêchés dans leur élan pour accéder au bien-être que par la soldatesque des autocrates africains. Ce sont bien les chefs d’Etats, les présidents de la République, les dictateurs africains qui tuent, massacrent à tour de bras leurs propres frères et sœurs, les empêchant ainsi d’avoir les coudées franches pour s’exprimer et s’extérioriser sur tous les plans.

Sur la côte du Sahel, les manifestants et leurs frères soldats de la Grande Muette ont sympathisé et l’on ne pourra plus compter longtemps sur eux pour trucider le peuple. Tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est que la transition qui s’annonce au Burkina-Faso aille pacifiquement à son terme et qu’un nouveau président de la République soit élu par les Burkinabé en 2015. Un proverbe de chez nous dit que : « l’enfant qui (pleure et) ne veut pas laisser sa mère dormir, lui non plus ne dormira pas. » Que cela serve de leçon aux roitelets d’Afrique qui ont (encore) l’intention de s’éterniser au pouvoir. Chefs d’Etat, présidents de la République et dictateurs d’Afrique, si vous ne voulez pas laisser vos peuples vivre dans la paix et le bien-être ; (nous) le peuple aussi ne vous laisseront jamais en paix ! Vive la jeunesse, vive le peuple Burkinabé, pour son courage ! LA PATRIE OU LA MORT NOUS VAINCRONS.

Aristides Honyiglo

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